Cléo Duponcheel, L’hommage aux personnes aimées

L’hommage aux personnes aimées

Photo par Lio Photography

Rencontrer et discuter avec Cléo Duponcheel fait du bien.
En sa compagnie, on se sent énergisé par une vague de positivisme et de bonne humeur. D’une simplicité naturelle, elle a l’art de vous mettre à l’aise grâce à sa bienveillance, son ‘peps’ et son sourire. Ajoutez à cela un franc-parler sans détour, voici le portrait d’une femme au métier atypique. Celui d’une entrepreneuse en pompes funèbres, plus populairement dénommé « croque-mort ».
Ce qui lui tient à cœur ? Insuffler un renouveau au secteur funèbre belge, le tout de manière plus écologique.

Prendre sa vie en main et n’avoir aucun regret, c’est bien la philosophie de Cléo qu’elle met en application depuis son lancement dans l’aventure entrepreneuriale via JobYourself. Découvrez le témoignage de cette entrepreneuse passionnée, à la vision pragmatique et des rêves plein la tête.

Consultez sa fiche d’entrepreneuse

Dessin par Rapaguva Dessine

1,2,3, c’est parti pour votre pitch !

Mon projet se dénomme « Croque-Madame », un service de prestations funéraires sur mesure, à la carte et écologiques. En termes familiers, je suis croque-mort. En termes plus sérieux, je suis opératrice funéraire polyvalente.

Je fais de la sous-traitance professionnelle aux entrepreneurs de pompes funèbres et propose aussi mes services aux particuliers. Je preste mes services de soins aux défunts, d’organisation des obsèques, en passant par les démarches administratives et la coordination de cérémonie. J’accompagne les familles dans le deuil et je rends hommage aux défunts.

Je donne également des cours dans le cadre des formations « Agent polyvalent » et « Entrepreneur de pompes funèbres » à l’EFP pour former d’autres personnes à ce métier qui me passionne.

 

Photo par Lio Photography

Pourquoi « Croque-Madame » ?

Avec « Croque-Madame », je souhaite insufler un nouvel élan pour accompagner les familles dans leur deuil.
D’autre part, c’est donner un nouvel élan au secteur funéraire belge : insuffler du renouveau et de l’évolution.

Je désire pallier au manque de communication existant et à la désinformation liée aux possibilités d’hommages au défunt : proposer des cérémonies pas forcément calquées sur un modèle classique, très ancré dans les mentalités, mais plutôt tendre vers une personnalisation des cérémonies pour se rapprocher de ce à quoi ressemblait le défunt de son vivant et répondre aux mieux à la volonté et à l’envie des familles. On ne dit au revoir qu’une seule fois à la personne qu’on aime et il s’agit de le faire bien.

 

Photo par Lio Photography

 

Un oeil attentif à l’écologie ?

Selon moi, l’écologie représente la vie. Le respect de l’environnement et de notre planète résonne profondément avec mes valeurs. C’est pour cela que je veux appliquer cette dimension à mon projet et au métier dans sa globalité. C’est un grand défi que je me donne : changer les attitudes et les mentalités, cela se fait petit à petit.

Mon but ultime est la réalisation de prestations funéraires écologiques et (presque) zéro déchet : c’est-à-dire des prestations non (ou très peu) polluantes ! À titre d’exemple : utiliser un linceul (un drap) à la place de cercueil ou des cercueils constitués de bois à croissance rapide (pas du chêne ou de l’acajou), utiliser des fleurs de saison et locales pour les cérémonies, des impressions papiers sans plastiques et recyclées, voire même compostables.

 

The New Momentum : prestations funéraires à la carte sur mesure et écologiques
Photo par Lio Photography

 

Comment votre métier est-il perçu ?

On a tendance à dramatiser la mort, un phénomène qui arrive tous les jours et qui nous frappera un jour ou l’autre. Pour moi, l’important est de tourner la mort et la cérémonie d’hommage en un moment moins douloureux et qui a plus du sens.

Il est vrai que certaines personnes ont des stéréotypes et des préjugés concernant le métier. Certains disent que ce n’est pas bien de profiter de la tristesse des gens pour gagner sa vie. La métaphore lugubre du vautour profiteur qui rôde reste encore collée à l’esprit de certains…

Je suis épicurienne, passionnée par mon métier et je déconstruis les idées préconçues en développant une nouvelle approche du métier et du secteur, en adéquation avec les valeurs des clients et les miennes. Personnellement, j’amène les familles à faire part de plus de créativité dans la manière de rendre hommage au défunt. Je tente d’amener de la joie de vivre avec la mort.

 

Mise en place des fleurs et du cercueil pour une cérémonie

 

La mort, un sujet tabou ?

Je ne prends pas de pincette pour discuter de la mort. À mes yeux, il ‘agit d’un sujet comme un autre. Quand j’en parle, ce n’est pas dramatique. Il s’agit de dédramatiser quelque chose qui arrive à tout le monde. Pour moi, c’est un sujet tellement intéressant, dont on peut s’émouvoir, rire, pleurer et qui peut nous apprendre plein de choses sur le sens de la vie.

 

Photo par Lio Photography

 

Qu’est-ce qui vous passionne ?

Le service aux gens. Dans les périodes de deuil, j’aime à apporter ma petite pierre à l’édifice. Je fais mon possible pour faciliter le travail du deuil des personnes et des familles : les accompagner pour qu’ils continuent à vivre leur vie.

J’apprécie de me rendre utile pour elles et eux : être créative et à l’écoute pour chaque famille. Elles ont toutes une histoire à raconter.

De plus, j’aime aussi m’occuper des défunts via les soins de présentation. C’est ma façon à moi de leur rendre hommage et de leur dire au revoir. Il existe deux types de soins : la toilette funéraire, et le soin de conservation. Le soin de conservation est plus rare, mais revêt en fait trois avantages importants à ne pas négliger :

  1. L’hygiène : ce genre de soin permet de ralentir la décomposition du corps, qui commence dès le décès.
  2. L’esthétique : on rend un aspect apaisé au défunt, on retonifie la peau, ce qui donne l’impression « qu’il dort ».
  3. La conservation : de plus en plus de familles sont dispersées de par le monde et viennent de loin, le corps doit donc être bien conservé le temps que la cérémonie ait lieu.

Un soin de conservation (appelé à tort « embaumement ») consiste à remplacer les liquides physiologiques du corps par un liquide conservateur.

 

Toilette à domicile

Votre parcours professionnel avant JobYourself ?

J’ai testé plein d’études et de jobs différents avant de trouver ma voie et me tourner vers le domaine funéraire.

Je me suis découverte un grand intérêt pour l’anatomie et la biologie lorsque j’ai commencé des études de médecine vétérinaire. Réalisant que ces études n’étaient pas faites pour moi, je me suis réorientée et cela grâce à une assistance sociale du CPAS. Elle m’avait donné un site avec tous les métiers existants : je suis tombé sur le métier « thanatopracteur ».

Je suis partie en France étudier le cursus de la thanatopraxie pendant 2 ans. Je trouvais la formation plus développée en France qu’en Belgique. J’y ai également fait des formations complémentaires dans le domaine (conseiller funéraire, maître de cérémonie et dirigeant d’entreprise de pompes funèbres), ainsi que des stages. J’ai par la suite travaillé pendant 2 ans dans le secteur en tant que salariée.

 

 

Préparation et mise en place pour un soin de thanatopraxie

 

Comment avez-vous lancé votre projet ?

Je travaillais déjà dans le domaine funéraire. Devenir ma propre patronne m’attirait. Je voulais travailler à ma façon dans ce milieu encore fort traditionnel et y amener du renouveau.

J’ai alors repensé à JobYourself. J’avais connu la structure quelques années plus tôt via une amie ! À mon retour de France, j’avais gardé la possibilité bien en tête et c’était donc clair pour moi de passer par JobYourself.

Comment avez-vous vécu la phase de préparation chez JobYourself ?

J’ai adoré la phase de préparation. Les coachings collectifs sont un vrai « boost » d’énergie. Ils me donnaient la patate et la structure à suivre car chez soi on va dans tous les sens. On ne se sent plus seule. La phase de préparation pose cadre non contraignant ! D’ailleurs mon groupe était tellement super qu’on continue à se voir une fois par mois.

Je suis en phase de Test depuis octobre 2018 car j’avais déjà un premier client pour lequel je devais donner des cours de pompes funèbres, c’était donc l’occasion de me lancer.

 

 

L’accompagnement de JobYourself en un mot ?

Un cadre non contraignant !
JobYourself nous indique la voie à suivre sans jamais nous tenir la main. C’est-à-dire que la structure est là pour nous guider mais pas pour faire le boulot à notre place. Quand on est entrepreneuse, il faut être capable de développer et d’agir soi-même. Leur méthodologie d’accompagnement nous permet de bouger, d’avancer et de donner le meilleur de nous-mêmes tout au long du parcours, que ce soit en phase de préparation ou de test.

 

Pour vous, être entrepreneuse c’est… ?

La liberté de dire non et d’entreprendre dans le sens qu’on a décidé. On néglige trop souvent l’importance de refuser ce qui ne nous convient pas et de poser ses propres limites.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui n’oseraient pas se lancer ?

Allez-y, vous n’avez rien à perdre.
Actuellement, il existe plein de structures qui peuvent vous y aider et vous accompagner dans vos démarches ! Profitez-en. Et puis, on n’a qu’une vie …

 

Quelqu’un vous a encouragé à vous lancer comme entrepreneuse ?

Je suis bien trop têtue, j’ai décidé de me lancer toute seule. Je vois trop de gens qui ne vivent pas leur vie à fond et qui meurent trop rapidement. Ma philosophie est simple : il faut profiter de la vie à fond.

L’entrepreneuriat représente un bon deal professionnel pour moi. À 29 ans, sans enfants à charge, j’ai l’âge, l’énergie l’envie et la force pour essayer des choses, me planter et rebondir. J’ai envie de faire ce que j’aime : j’y vais à fond !

Je préfère vivre avec des remords que des regrets. Je préfère n’avoir pas bien fait quelque chose au cours de ma vie que d’avoir les regrets de n’avoir pas agi ! Je refuse de vivre pour travailler et je choisis de travailler pour vivre, ce qui m’est possible en étant entrepreneuse.

 

L’ŒIL DU COACH : ANTOINE CERVINCKA

Collée sur l’agenda de Cléo : ‘Live light, travel light, spread the light, be the light’, cette citation pour Cléo reflète un de ses nombreux talents. ‘Live light’ : Sous ses apparences de jeune première, Cléo est responsable et autonome tout en sachant poser ses limites. ‘Travel light’ : Elle va naturellement et rapidement à l’essentiel. ‘Be the light’ : Cléo ose entreprendre, est positive, solaire, pleine d’humour et d’empathie. ‘Spread the light’ : Si vous rencontrez cette entrepreneuse un jour, vous vous en souviendrez. L’ouverture de Cléo à l’inattendu et à l’imprévisible rend l’accompagnement de son parcours plein de sens et de surprises.

Les plus grands défis dans votre métier ?

Pour moi, il existe plusieurs défis :

  • Le plus grand reste la prospection de clients.
  • Le deuxième est de m’attaquer au manque de communication existant et organiser des séances d’information pour les gens sur les possibilités de rendre hommage.
  • Le troisième défi se situe dans le fait que ce milieu est fort masculin, voire ‘macho’ même si ça commence tout doucement à évoluer. Je note plus d’étudiantes que d’étudiants dans la formation que je donne à l’EFP.
  • Enfin, le dernier défi se situe dans le fait que mon métier n’est pas « prévisible » car on ne sait forcément pas à l’avance quand les gens meurent. C’est à la fois positif et négatif. Cela pose des certaines contraintes d’organisation mais tout à fait surmontables.

 

Exercices pratiques à l’EFP : sutures et ligatures

 

Y a-t-il quelqu’un que vous admirez ?

Ça va sonner bateau mais tant pis ! Ce sont les personnes que j’ai croisées tout au long de ma vie qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. De toutes mes rencontres positives et négatives, j’en ai tiré des leçons et j’ai grandi. Je pense qu’on ne tombe jamais sur les gens par hasard. Si la vie les met sur notre chemin, c’est que c’est pour une bonne raison.

 

 

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